dimanche 24 février 2019

Petit palmarès des endroits dans lesquels il ne faut PAS envoyer des cyclistes

En parallèle de l'article précédent, ce billet vous propose une liste des pires endroits par lesquels nous sommes passés, les faux bons plans et autres lieux qu'il conviendrait d'éviter si on est un cycliste un tant soit peu sensé. Je suis certains que nous sommes pas les seuls à ne pas apprécier dormir dans une zone industrielle désaffectée en bordure d'une autoroute... 

Enfin bref, c'est parti pour un tour d'horizons des endroits absolument pas (ou mal) pensés pour les cyclistes.


La Ruhr



Alors que, a priori, cela aurait pu être une très bonne idée de remonter le Rhin à vélo, celle-ci s'est avérée légèrement désastreuse dans sa réalisation. Nous ne vous parlerons que de la partie que nous avons faites, celle entre Cologne et Arnhem (à la frontière germano-hollandaise, côté Pays-Bas). Si ça se trouve, plus au sud, c'est plus sympa !

Alors certes, il y a une Eurovélo (la n°15) le long du Rhin qui est assez bien faite et nous nous sommes rarement retrouvés obligés de prendre des bords de route dangereux sur ce tronçon de parcours mais... plusieurs choses :

De un, c'est moche. Je pense que la photo parle d'elle même. Le Rhin, à ce niveau là, c'est le cœur industriel allemand, la Ruhr et franchement c'est moche. Des industries partout, de la saleté, de la pollution partout, des déchets partout, des voitures partout autour... enfin bref, vous m'avez compris. Cette zone reste très densément peuplée et il n'y a que très peu de coin de verdure.
De deux, la région n'est pas pensée pour les cyclistes long-courrier comme nous l'étions. Il faut en effet savoir qu'en Allemagne le camping sauvage est interdit. Il reste "toléré" mais il suffit de tomber sur la mauvaise personne pour se retrouver avec une belle amende des familles. Et cette région ne comporte pas de camping le long de l'Eurovélo... Genre pas DU TOUT.
De trois, il nous a semblé que la culture de l’accueil était moins développée en Allemagne, moins entrée dans les mœurs que dans les pays latins, comme la France ou l'Espagne. Pour exemple, nous nous servions du réseaux Warmshower  (et nous nous en servons toujours, mais en tant qu'hôtes maintenant !) pour trouver des personnes susceptibles de nous accueillir quand nous traversions des endroits inhospitaliers (comme la Ruhr) ou après de grands trajets. En général, en France, en Belgique et en Espagne, nous demandions à quatre personnes de ce réseau et une pouvais nous accueillir. En Allemagne, il m'arrivait de solliciter jusqu'à 15 personnes à la fois et ne recevoir aucune réponse ! Pas que les réponses étaient négatives, mais juste que personne ne nous répondait ! La seule personne qui a accepté de nous loger alors que nous traversions l'Allemagne... était un russe !

Je pense qu'avec cette petite mise en bouche, vous sentez venir le combo gagnant.

Je vous dresse donc le tableau. Deuxième journée passée dans la Ruhr, 17h, 70 kilomètres dans les pattes, ça fait 3 jours qu'il pleut et aucun des 15 Warmshowers sollicités a répondu.
Google maps nous indique alors qu'il y a un camping à 10 km de notre position. Nous allons donc voir ! Et arrivés là-bas... Rien. Il n'y avait pas de camping. On demande aux habitants qui squattaient la Gästhaus attenantes s'ils savent où on peut passer la nuit (parce que pas question d'aller au prochain camping, qui est à 40 km de là et qui n'est pas dans la bonne direction pour la suite de notre voyage). Ils nous disent qu'il y a une auberge de jeunesse pas loin d'ici. On va donc voir. 80€ par personne pour dormir dans le dortoir ! Donc non. Quelle possibilité nous reste-t-il ? Le camping sauvage !
Mais nous sommes en Allemagne, donc c'est interdit, et nous sommes dans la Ruhr, donc il n'y a pas de forêt dans laquelle s'enfoncer pour se cacher. Par contre il y a un ancien parc industriel qui a été transformé en jardin public en face de l'auberge de jeunesse... ça fera l'affaire !
Nous nous sommes cachés dans un minuscule bosquet et nous avons monté la tente, entre une usine désaffectée et une autoroute. Nous avons eu le bruit des camions toute la nuit, il a plu des cordes, nous affaires étaient trempés des quatre jours de pluie consécutifs et il faisait froid. J'ai rarement aussi mal dormi.

Vous m'aurez donc compris : même s'il y a des pistes cyclables, ce n'est pas des plus agréables de pédaler dans la Ruhr...

Saint Nazaire


Nous n'avons même pas pris de photo de St Nazaire. Je ne peux même pas illustrer ce paragraphe correctement. Pour la peine, je vous mets une photo d'un chaton tout mignon sans aucun rapport.



Le problème que nous avons rencontré est le suivant : nous arrivions de Bretagne, au nord de la Loire donc. Et lorsqu'on veut aller vers Nantes, les pistes cyclables passent par la rive sud de la Loire. Depuis la Bretagne, il faut donc traverser le pont de Saint Nazaire avant de pouvoir remonter la Loire. Il y a donc une coupure des pistes cyclables au niveau du pont de St Nazaire. Elles s'arrêtent juste avant et reprennent juste après.

Sauf que :
1- Passer le pont de St Nazaire en vélo, c'est du suicide. C'est autorisé, hein. Mais c'est pas parce que on a le droit de mettre ses doigts dans la prise qu'on doit le faire.
2- La ville de St Nazaire étant bien consciente de cela, elle met à disposition un minibus capable de transporter cyclistes et vélos d'un côté à l'autre du pont. Sauf que ce minibus ne passe pas de façon régulière, qu'il faut réserver sa place en avance et que même en téléphonant 3 jours avant, il y aura une chance non négligeable que tous les bus soient complets.

C'est ce qui s'est passé dans notre cas (mal organisés que nous sommes) : nous n'avons pas eu de place de bus parce que nous avons téléphoné trop tard et nous n'avons pas pu traverser le pont de Saint Nazaire.
Quel choix nous restait-il alors pour rallier Nantes ? Et bien longer la Loire sur sa rive nord ! Worst. Idea. Ever.
Saint Nazaire est une énorme ville portuaire et la capitale de la construction navale en France. A quel moment passer dans la rade de Saint Nazaire est une bonne idée ? Je ne pense pas avoir besoin de développer la chose pour que vous compreniez la galère dans laquelle on s'est fourré. Des camions partout, des zones industrielles à perte de vue, des énormes échangeurs de bétons remplis de voitures dans lesquels nous nous sommes perdus... Bref.

Je ne m’attarderai pas plus sur cette ville. Soyez malins, réservez votre place dans le bus et quittez Saint Nazaire avant de vouloir pédaler.


La Costa Brava en été



Pour le coup, cette recommandation est teintée d'une part de subjectivité. Parce qu'on va pas se mentir : Il fait chaud, il fait beau, les paysages sont magnifique, et les routes sont majoritairement des routes serpentant à travers des petites montagnes et ne sont pas excessivement empruntées. Mis à part lorsque des bus de touristes vous passent à ras-des-moustaches, il n'y a pas grand chose à craindre des voitures qui de toute manière ne roulent pas vite. Il n'y a pas de piste cyclable mais ces routes restent praticables.

Mais...
C'est cher. C'est même très cher ! En temps normal, un camping nous coûtait entre 12 €/nuit pour les moins chers et pouvaient monter jusqu'à 20 €. Un soir, sur la Costa Brava, nous avons fait 20 kilomètres de plus que prévu et visité 4 campings avant d'en trouver un à... 37 €/nuit ! Il y en a qui étaient à 65 €/nuit ! Autant dire que ça explose le budget. Mais voilà, si vous avez des sous à mettre dans vos logements, ce n'est pas rédhibitoire.
Et...
C'est bondé de personnes venues faire la fiesta (muchas calor muy bien). Sauf que, quand tu as fait 80 km dans la journée, la dernière chose que tu veux c'est entendre des mecs complètement torchés beugler en rentrant de boîte de nuit. Et les animations de campings jusqu'à 2h du matin, je t'assure que c'est pas cool. Mais là encore, si vous faites 20 km par jour et que vous vous autorisez à vous lever à 10h du mat, vous aurez de quoi vous amuser sur la Costa Brava !

Donc voilà. Pour les cyclistes fêtards et fortunés : pas de problème, allez-y. Pour les autres : Fuyez cet endroit !

La Suisse normande en septembre



La Normandie, c'est superbe, il y a de belles pistes cyclables qui vont des plages du débarquement jusqu'au Mont Saint Michel en passant par Bayeux et je pense que c'est un très bel endroit pour faire du vélo... mais pas en septembre !

Les nuits dans les collines normandes sont glaciales ! Littéralement hein. Quand tu as du givre sur ton guidon le matin quand tu reprends ton vélo, c'est qu'il y a un léger souci ! Et va replier une tente avec tes mains gelées avec ce froid de canard. Comme on dormait pas si bien avec ce froid, Typhaine compensait avec une sieste le midi, au soleil. Il faisait moins froid mais tout de même !

Donc la Normandie, oui, en septembre, définitivement non !


Bonus : les chemin de Google maps



Comme nous l'avions déjà fait remarquer dans notre article "Se déplacer et se repérer à vélo" (pour le lire, cliquez ici), Google maps est un superbe outil d'appoint pour se repérer et se déplacer à vélo. Si vous êtes perdus, il vous remettra dans le droit chemin, si vous voulez faire un détour vers une destination non prévue, il pourra vous aider. Mais faites attention ! Google maps a ses failles ! Comme par exemple :

- Google considère que les vélos peuvent emprunter les GRs (sentiers de grande randonnée). Alors avec un bon VTT cela est peut-être vrai mais avec des vélos de randonnée chargés, ce n'est juste pas possible ! Nous nous sommes embourbés plus d'une fois dans des sentiers absolument impraticables pour nos gros vélos... 
Dans le même délire, Google essaye le plus possible de suivre des chemins peu ou pas empruntés. Ces chemins, quelque fois, ne sont que des sentiers utilisés par le fermier du coin pour amener ses vaches au champ. Encore une fois, ce n'est pas praticable avec des vélos de 30 kilos !

- Et surtout, Google n'est pas à jour ! Combien de fois avons-nous dû faire demi-tour parce que Google nous a mené à une route privée, clôturée par des barrières ?
Et de façon anecdotique mais Ô combien révélatrice du manque de mise à jour : Google a réussi à nous amener face à un pont sans tablier ! (Celui là-même qui est sur la photo au-dessus). Dites-moi comment on était censé franchir cet obstacle, Môssieur Google !

Pour me citer moi-même : "Google maps en mode vélo reste un très bon GPS de secours pour planifier son trajet mais il faut vraiment prendre son itinéraire avec des pincettes."

Oubliez ce que vous venez de lire

Il faut le reconnaître, certains endroits sont plus agréables que d'autres lorsque nous sommes en vélo. Mais nous n'en sommes pas morts (ni même traumatisés !). Un tour en vélo est ce qu'il est. Et les moments un peu moins bien font tout autant partie de l'expérience que les meilleurs moments. Pour qu'il y ai des hauts, il faut bien qu'il y ai des bas, non ?
Où que vous irez, il y aura des endroits moins bien que les autres mais dans sa globalité, votre voyage sera magique.
Au risque de me répéter, enfourchez votre vélo et allez pédaler. Quelque soit votre destination, votre voyage vaudra forcément la peine d'être vécu.

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